Grâce à des techniques spéciales et à une incroyable volonté, John Bramblitt parvient à surmonter son handicap pour réaliser des chefs-d’œuvre.
En regardant John Bramblitt travailler, on pourrait penser que cet homme est un maniaque du détail.
Le nez collé à la toile, il suit ses dessins du doigt comme pour ajuster son coup de pinceau au millimètre près. Mais Bramblitt n’est pas un photoréaliste fou de précision. Si sa technique est si particulière, c’est parce qu’il est aveugle.
“L’art a remodelé ma vie”
Né en 1971 aux Etats-Unis, John Bramblitt a 30 ans quand il perd brutalement la vue suite à une crise d’épilepsie. Plutôt que de se laisser abattre, il décide de se lancer alors dans la peinture, comme par défi. C’est une révélation. “L’art a remodelé ma vie”, explique-t-il dans sa biographie en ligne.
Toutefois, les débuts de John sont tâtonnants. Une toile simple lui prend des heures. A force de persévérance, il améliore sa technique et invente de nouveaux procédés. Comme pré-imprimer ses dessins en relief afin de pouvoir en suivre les courbes avec son pinceau.
Ses doigts “sentent” les couleurs
Mais les couleurs? Il affirme les reconnaître rien qu’au toucher. “Chaque couleur a un grain, une viscosité particulière.” Par exemple, “le blanc ressemble à du dentifrice”.
En regardant les toiles de John, on a l’impression que celui-ci a tenté de représenter la réalité telle qu’il la perçoit sans la voir : avec ses mains, ses oreilles et son imagination. Ainsi, une de ses toiles semble représenter autant la forme d’une femme que la chaleur qui se dégage d’elle. Dans d’autres toiles, l’artiste cherche à monter “la couleur de la musique”, à l’aide d’une projection de gouttes multicolores. “Mon monde est plus coloré et détaillé que lorsque je voyais encore”, confie-t-il.
Des tableaux à voir et à toucher
Des lignes fluides, mouvantes, des couleurs simples, qui évoquent d’étranges vitraux déstructurés… ou bien un coffret de “peinture par numéro” qui aurait consommé par erreur la mauvaise espèce de champignons mexicains.
Autre particularité : là où certains se focalisent sur le trait, John s’attache tout particulièrement à améliorer le côté “tactile” de ses tableaux. Sa plus grande fierté? Avoir réussi à mettre au point un système qui lui permet de se passer de traits en relief et de peindre sur des surfaces désormais “lisses comme le verre”. “C’est pour moi aussi excitant que la première peinture que j’ai faite après avoir perdu la vue.”
On lui souhaite le même succès qu’à Beethoven qui, bien que sourd, a eu le succès qu’on lui connaît.
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Toutes les images de cet article proviennent du site officiel de John Bramblitt (qui contient notamment des astuces de peinture pour non-voyants )
Lire aussi cet article écrit par l’artiste lui-même : Le handicap n’est PAS une faiblesse.
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Philippe Turold
Mention spéciale au blog Tout & l’Art qui a mis en ligne un reportage consacré à cet artiste et a fait l’effort d’écrire une description de la vidéo afin que ses lecteurs non-voyants puissent en profiter.